الجمعة، 12 أغسطس 2011

Une tumeur gingivale atypique Atypical gingival tumor

Observation

MlleM.Z., a ˆge ´e de 32 ans, ope ´re ´e d’une tume ´faction maxil-
lomandibulaire gauche a ` l’a ˆge de sept ans, a e ´te ´ hospitalise ´e
pour exploration d’une tume ´faction gingivale droite, e ´vo-
luant depuis trois mois, sans notion d’alte ´ration de l’e ´tat
ge ´ne ´ral.
La tume ´faction e ´tait jugale droite oblongue, ferme, indolore,
mesurant 7 cmde grand axe et peumobile (fig. 1a). En bouche,
une tumeur gingivale bourgeonnante occupait les secteurs
pre ´molomolaires supe ´rieur et infe ´rieur droits (fig. 1b). Une
mauvaise hygie `ne buccale avec halitose e ´tait note ´e. Cette
tumeur e ´tait ferme, homoge `ne, indolore, peu mobile, sessile,
de surface lisse, recouverte par une muqueuse rose ´e d’aspect
normal, sans ulce ´rations, ni induration pe ´riphe ´rique.
La patiente e ´tait e ´dente ´ea ` gauche. A ` droite, deux pre ´mo-
laires mobiles e ´taient enfouies dans la tumeur. La mastica-
tion et l’e ´locution e ´taient entrave ´es. Le reste de l’examen
clinique e ´tait sans particularite ´. Le bilan biologique montrait
une ane ´mie ferriprive.




Figure 1. a Tume ´faction jugale droite importante.
b Aspect bourgeonnant polylobe ´ de la tumeur gingivale.

Une tumeur gingivale atypique




Figure 2. a Panoramique dentaire montrant la lyse de tout l’os alve ´olaire.
b Tomodensitome ´trie montrant une tumeur polylobe ´e, prenant le
contraste et se de ´veloppant en vestibulaire et en palatin, refoulant la
langue du co ˆte ´ oppose ´.

A ` la radiographie panoramique, on notait la pre ´sence du co ˆte ´
droit d’une oste ´olyse de tout l’os alve ´olaire avec quelques
dents « suspendues » (fig. 2a). La tomodensitome ´trie a
confirme ´ la pre ´sence d’une volumineuse masse tissulaire,
prenant le contraste de fac ¸on he ´te ´roge `ne et ame ´nageant
plusieurs lobes se ´pare ´s par des septa, se rehaussant de fac ¸on
intense (fig. 2b).
L’exe ´re `se chirurgicale de la le ´sion a e ´te ´ re ´alise ´e sous anes-
the ´sie ge ´ne ´rale avec extraction de toutes les dents concer-
ne ´es. L’examen anatomopathologique a montre ´ une
muqueuse gingivale reve ˆtue par un e ´pithe ´lium malpighien
ulce ´re ´ et un tissu de granulation richement vascularise ´,
inflammatoire, comportant essentiellement des plasmocy-
tes, des polynucle ´aires neutrophiles et des e ´osinophiles. Le
chorion pre ´sentait des remaniements fibrohyalins, des foyers
he ´morragiques et de larges plages de plasmocytes.
Les suites ope ´ratoires ont e ´te ´ banales, mais la patiente a
ensuite e ´te ´ perdue de vue.

Quel est votre diagnostic ?


Re ´ponse
Le diagnostic retenu a e ´te ´ celui d’une e ´pulis ge ´ante.
E ´tymologiquement, l’e ´pulis est une le ´sion qui sie `ge a ` la
surface des gencives (e ´pi = dessus, oulon = gencive). C’est
une pseudotumeur be ´nigne hyperplasique et circonscrite des
gencives, de nature inflammatoire et qui re ´pondrait a ` un
phe ´nome `ne irritatif [1–3].
Les e ´pulis ge ´antes sont exceptionnelles dans les pays occi-
dentaux et ne diffe `rent des autres e ´pulis que par leur
volume. Il n’existe aucune diffe ´rence sur le plan anatomopa-
thologique entre les deux entite ´s [4].
Le diagnostic est d’abord clinique, mais seul l’examen histo-
logique permet un diagnostic pre ´cis et rassure sur l’absence
de malignite ´ [1,2]. Certains carcinomes e ´pidermoı ¨ des peu-
vent se pre ´senter sous la forme d’une e ´pulis « banale ».
On distingue quatre types histologiques d’e ´pulis :
  • inflammatoire ;
  • vasculaire ;
  • fibreux ;
  • l’e ´pulis a ` cellules ge ´antes ou mye ´loplaxes [1,3].
Le cas de notre observation correspond a ` une e ´pulis inflam-
matoire.
Guillaume de Plaisance semble avoir fait la premie `re des-
cription d’e ´pulis ge ´ante en 1279. Il de ´crit « une tumeur
fongueuse plus grosse qu’un œuf d’oie au niveau de la
gencive de la ma ˆchoire » [4].
Cette pathologie atteint le plus souvent des patients de sexe
fe ´minin, qui consultent pour une tume ´faction de la face avec
une ge ˆne a ` l’e ´locution et la mastication [4].
L’affection est toujours indolore, sans durete ´ ligneuse ou
induration, ni ade ´nopathies satellites [1].
Le sie `ge de cette pseudotumeur est plus souvent maxillaire
que mandibulaire et plus vestibulaire que palatin ou lingual
[4].
L’e ´tiopathoge ´nie restemal connue,mais elle re ´sulterait de la
re ´paration imparfaite d’une le ´sion gingivale. L’e ´pulis ge ´ante
est souvent associe ´ea ` une ane ´mie, a ` une hypere ´osinophilie
d’origine parasitaire, ou a ` l’impre ´gnation œstroge ´nique de
la grossesse et a ` unemauvaise hygie `ne buccodentaire [1,3,4].
Cantaloube et al. comparent cette le ´sion a ` une cicatrice
che ´loı ¨ de et pensent qu’il s’agit d’une de ´viation du processus
normal de cicatrisation [4].
L’e ´pulis est une tumeur a ` point de de ´part alve ´olaire osseux,
me ˆme si l’expression clinique est muqueuse. Pour cette
raison, le traitement doit prendre en compte les trois
composantes : osseuse, dentaire et muqueuse [5].
L’imagerie permet de pre ´ciser l’e ´tendue de la destruction
alve ´olaire et d’orienter la conduite vis-a `-vis des dents adja-
centes susceptibles de pre ´senter une alve ´olyse importante,
ne ´cessitant leur avulsion.
Le traitement de l’e ´pulis est chirurgical : c’est l’ablation
de la tumeur, de son pe ´dicule et de sa base d’implantation
avec un curetage soigneux de l’os alve ´olaire pathologique
[1,5].
Ambroise Pare ´ (1510–1590) a de ´crit cette technique : « il faut
la lier et la serrer avec un fil double, jusqu’a ` ce qu’elle tombe
puis en caute ´riser la racine, sans quoi elle reviendrait » [4].
Les facteurs d’irritation locale paraissent de ´terminants
et doivent donc e ˆtre supprime ´s (tartre, carie, racine
re ´siduelle...). Une attention particulie `re doit e ˆtre porte ´ea `
l’hygie `ne buccodentaire [1,5].

Re ´fe ´rences

1. Ben Slama L. Panorama des principales affections de la
muqueuse buccale. Paris: Aventis; 2003.
2. Ben Slama L, Szpirglas H. Pathologie de la muqueuse buccale.
Paris: E ´ditions Scientifiques et Me ´dicales Elsevier. EMC; 1999,
Livre et CD-ROM.
3. Ennibi OK, Benfdil F, Taleb B, Amrani M, Benzarti N. Les e ´pulis :
aspects cliniques, histopathologiques et the ´rapeutiques. Acta
Odontol Stomatol 1999;207:367–76.
4. Cantaloube D, Larroque G, Ndiaye R, Rives JM, Seurat P. Quel-
ques cas d’e ´pulis ge ´antes observe ´es en Afrique de l’Ouest. Rev
Stomatol Chir Maxillofac 1987;88:461–6.
5. Vaillant L, Goga D. Dermatologie Buccale. Paris: Doin E ´diteurs;
1997.

هناك تعليق واحد: