الجمعة، 5 أغسطس 2011

Des ulce ´rations « douteuses » de la cavite ´ buccale Dubious ulcerations of the oral cavity

Observation

Monsieur G.B., a ˆge ´ de 42 ans, a e ´te ´ adresse ´ a ` la consultation
car il pre ´sentait depuis un mois une ge ˆne pharynge ´e de type
angine.
Les seuls ante ´ce ´dents notables e ´taient d’ordre dermatolo-
gique et assez re ´cents : pitiriasis rose ´ de Gilbert associe ´ a ` un
prurigo, deux e ´pisodes de prurit ge ´ne ´ralise ´ conside ´re ´s
comme une gale et traite ´s par ivermectine (Stromectol
W)a `
neuf reprises en l’espace de deux mois.
L’examen clinique endobuccal retrouvait des le ´sions multi-
ples et he ´te ´roge `nesavecnotammentdesle ´sions ulce ´re ´es
des deux loges amygdaliennes, pre ´dominant a ` gauche
(fig. 1),troisulce ´rations infracentime ´triques sensibles a ` la
palpation situe ´es a ` la jonction palais dur – palais mou de
part et d’autre de la ligne me ´diane (fig. 2).Enfin,lepatient
pre ´sentait une discre `te inflammation du frein de le `vre
supe ´rieure.
La palpation cervicale mettait en e ´vidence une ade ´nopathie
spinale gauche indolore.



Figure 1. Aspect inflammatoire et tume ´fie ´ des deux loges amygdaliennes
(fle `ches).

Figure 2. Le ´sions ulce ´re ´es du palais (fle `ches).

Figure 3. Le ´sions cutane ´es sie ´geant au niveau des bras.
L’examen ge ´ne ´ral retrouvait de manie `re concomitante des
le ´sions cutane ´es e ´rythe ´matomaculeuses au niveau des bras
(fig. 3).
A ` noter que monsieur G.B., divorce ´ et sans enfants, e ´tait en
cours de sevrage alcoolique.
Les examens biologiques re ´alise ´s jusqu’alors e ´taient
normaux : he ´mogramme, bilan he ´patique, se ´rologies VHC,
VHB, VIH 1 et 2.


Quel est votre diagnostic ?

Il s’agit d’une syphilis secondaire.
Le diagnostic a e ´te ´ retenu devant l’association de le ´sions
polymorphes de la cavite ´ buccale, avec une atteinte cutane ´e
et des signes ge ´ne ´raux, la positivite ´ des se ´rologies et l’o-
rientation homosexuelle recueillie lors de l’interrogatoire.
En effet, les pe ´ne ´trations e ´taient prote ´ge ´es mais pas les
rapports oroge ´nitaux, mode de contamination le plus pro-
bable chez ce patient et le plus probable dans le cadre de
l’e ´pide ´mie actuelle de syphilis chez les hommes qui ont des
rapports sexuels avec des hommes. Ve ´ritable fle ´au depuis la
fin du xve
sie `cle jusqu’a ` la seconde guerre mondiale et
l’apparition de la pe ´nicilline [1], le diagnostic de syphilis
n’est plus assez e ´voque ´ de nos jours. Il s’agit pourtant d’une
affection en recrudescence depuis une dizaine d’anne ´es,
notamment dans le milieu homosexuel, en particulier du
fait de l’absence de protection lors des rapports oroge ´nitaux
[2].
Par ailleurs, il existe une forte corre ´lation entre la maladie
syphilitique et l’infection par le virus de l’immunode ´ficience
humaine (VIH) [3]. Non seulement la co-infection paraı ˆt plus
agressive qu’une mono-infection, le VIH accroissant le nom-
bre et la fre ´quence des ulce `res ge ´nitaux, prolongeant les
phases primaire et secondaire, et pre ´cipitant le stade de
neurosyphilis, mais en plus, il semblerait que la syphilis orale
favorise l’infection au VIH.
La syphilis est une maladie sexuellement transmissible cau-
se ´e par un spiroche `te, le Treponema pallidum. La contamina-
tion est pratiquement toujours sexuelle et directe [4].La
cavite ´ buccale est le site extrage ´nital le plus commune ´ment
atteint : 12 a ` 14 % pour la syphilis primaire [2].
L’e ´volution de la maladie se fait en trois phases : primaire,
secondaire, phase de latence, tertiaire [4].
La syphilis primaire survient apre `s une pe ´riode d’incuba-
tion d’environ 20 jours suivant la contamination. La prin-
cipale symptomatologie en est le chancre, re ´alisant une
e ´rosion, voire une ulce ´ration classiquement indolore, avec
une induration marginale et dont la cicatrisation est
spontane ´eensixa ` huit semaines. Il existe une ou plu-
sieurs ade ´nopathies satellites pouvant persister plus long-
temps.
La syphilis secondaire de ´bute 60 jours apre `s la contamina-
tion et peut durer jusqu’a ` trois ou quatre ans en l’absence de
traitement. C’est la phase de ge ´ne ´ralisation de la maladie,
commune ´ment appele ´e « la grande simulatrice » compte
tenu de manifestations buccales, syste ´miques et cutane ´es.
Les manifestations buccales de la syphilis secondaire sont
superficielles, disse ´mine ´es et le plus souvent douloureuses.
Elles ont une tendance spontane ´ea ` la cicatrisation et re ´ci-
divent fre ´quemment.
La multitude de formes cliniques (syphilides e ´rythe ´mateu-
ses, opalines, e ´rosives, papuleuses, hypertrophiques) peut
faire e ´voquer a ` tort un grand nombre de diagnostics diffe ´-
rentiels.
Les manifestations ge ´ne ´rales sont marque ´es le plus souvent
par un syndrome pseudogrippal. L’angine syphilitique est
fre ´quente. Une micropolyade ´nopathie ge ´ne ´ralise ´e est quasi
constante.
Les manifestations cutane ´es distinguent deux pe ´riodes :
- la premie `re floraison avec la rose ´ole (macules e ´rythe ´ma-
teuses rose pa ˆle au niveau du tronc et la racine desmembres,
respectant la face, non prurigineuses) ;
- la seconde floraison avec les syphilides papuleuses
(papules infiltre ´es cuivre ´es atteignant principalement la
face et les re ´gions palmoplantaires, non prurigineuses).
Apre `s une phase de latence asymptomatique, la syphilis
tertiaire de ´bute trois a ` 15 ans apre `s la contamination. Les
manifestations sont essentiellement neurologiques, cardia-
ques, osseuses et cutane ´omuqueuses (gommes re ´alisant des
nodules hypodermiques inflammatoires indolores le plus
souvent au niveau de la face).
Le diagnostic de syphilis est essentiellement biologique [5].
Les tests re ´alise ´s en pratique (VDRL et TPHA), longtemps
ne ´gatifs en cas de syphilis primaire, sont positifs lors de la
syphilis secondaire, avec des titres e ´leve ´s en anticorps (fig. 4).
Le patient pre ´sente ´ dans le cas clinique e ´tait positif au VDRL
a ` 1/16 et au TPHA a ` 1/5120.
Enfin, il n’existe pas de diagnostic anatomopathologique, les
aspects histologiques e ´tant variables. Le seul inte ´re ˆtdela
biopsie e ´tant l’e ´limination d’un diagnostic diffe ´rentiel [6].
Le traitement recommande ´ est le « traitement minute » :
benzathine-pe ´nicilline (ExtencillineW), 2,4 millions d’UI en
intramusculaire [4]. C’est le traitement dont a be ´ne ´ficie ´
Figure 4. Sche ´ma simplifie ´ d’aide a ` l’interpre ´tation des se ´rologies de la
syphilis.


notre patient dans cette observation, favorisant la cicatrisa-
tion, me ˆme si celle-ci est en ge ´ne ´ral spontane ´e en l’absence
de traitement.
En cas d’allergie, le traitement par cyclines (VibramycineW
per os, 200 mg/j) oumacrolides (E ´rythromicineW per os, 2 g/j)
pendant 15 jours est recommande ´.
La re ´action de Jarish-Herxheimer associant fie `vre, frissons,
malaise ge ´ne ´ral et e ´ruption cutane ´e dans les six heures
suivant l’injection de pe ´nicilline est traite ´e par corticothe ´ra-
pie.
Par ailleurs, une enque ˆte e ´pide ´miologique est ne ´cessaire a ` la
recherche et au traitement des partenaires sexuels poten-
tiellement contamine ´s.
C’est la diminution significative du VDRL (baisse du titre du
VDRL de quatre fois en six mois) qui permet de suivre
l’efficacite ´ du traitement.
Cependant, les se ´rologies de syphilis peuvent rester positives
si le traitement est instaure ´ tardivement [5].

Conflits d’inte´reˆts

Il n’y a aucun conflit d’intere t.

Re´fe´rences
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1. Baughn RE, Musher DM. Secondary syphilitic lesions. Clin Micro-
biol Rev 2005;18:205–16.
2. Scott CM, Flint SR. Oral syphilis—re-emergence of an old disease
with oral manifestations. Int J Oral Maxillofac Surg 2005;34:58–
63.
3. Leao JC, Gueiros LA, Porter SR. Oral manifestations of syphilis.
Clinics 2006;61:161–6.
4. Fleury JE, Agbo-Godeau S. Syphilis buccale. Encycl Med Chir,
Stomatologie, 22-046-A-10,2003:7.
5. Basse-Gue ´rineau AL. Diagnostic se ´rologique de la syphilis. Insti-
tut de Veille Sanitaire.
6. Carlesimo M, Palese E, Mari E, Feliziani G, La Pietra M, De Marco
G, et al. Isolated oral erosions: an unusual manifestation of
secondary syphilis. Dermatol Online J 2008;14:23.

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